Après les avoir mises sur un piédestal, après y avoir tellement cru, la chute fait mal. Mais trop de questions restées sans réponse ont fini par m’éloigner de plus en plus de ce système, dont la cause est noble, mais la forme beaucoup moins.
Je suis passionnée par toutes les méthodes d’éducation, me renseigne tous les jours sur l’évolution de celles-ci, que ce soit en famille, ou à l’école. Je ne suis pas une experte, c’est seulement un sujet qui me tient à cœur. Mes recherches sont peut-être subjectives, je ne sais pas, ce que je vais exposer ici n’engage que moi. Je suis ouverte à la critique tant qu’elle est constructive.
Cela étant dit, il y a quelques temps, je ne jurais que par les écoles démocratiques, celles où l’enfant fait, en gros, ce qu’il veut. En rupture totale avec le système scolaire classique, j’ai trouvé cette solution idéale. Pour moi, un enfant n’a pas à apprendre telle ou telle chose à tel ou tel âge. Les programmes de l’Education Nationale sont sûrement de bons repères pour les enseignants, il n’en demeure pas moins que le bon sens n’apparaît à aucun moment dans les nombreux textes des Bulletins Officiels. Ceux que je suis en train d’ingurgiter à l’aide d’un entonnoir, tellement cela pourrait être remis en question…Je ne dois pas être claire, alors voilà un exemple concret:
Les différences entre les individus sont importantes, mais tous les élèves devraient en fin de GS :
– s’appuyer sur des verbes très fréquents (dire, faire, mettre, aller, prendre, avoir, être…) et des
pronoms pour s’exprimer ;
– s’emparer du vocabulaire travaillé en classe et l’utiliser à bon escient dans les tâches
langagières ;
– corriger et reprendre leurs propos pour remplacer un mot par un autre plus précis
Etc etc… ceci est noté dans « les mots de la maternelle » disponible sur le site officiel eduscol. Alors, vous allez me dire, y’a pas mort d’homme, ça donne juste une indication sur ce qui est attendu des élèves en grande section (soit 5 ans environ). Oui mais voilà, tout dépend de l’enseignant…Et de l’enfant. Personnellement, pour Maxi Crapule, depuis la petite section jusqu’à maintenant, au CP, les maîtresses se sont succédées et se sont toujours affolées sur les compétences de mon fils. Je lui ai fait faire divers tests, ORL, psychologiques, pédiatriques, orthophoniques…Médicalement parlant, rien n’est ressorti. Le constat que j’en fais, c’est qu’on ne laisse pas l’enfant aller à son rythme. Je ne suis pas dans le déni, et suis parfaitement consciente des difficultés d’apprentissage de mon fils. Honnêtement, je pense qu’il n’est pas fait pour le système scolaire classique. C’est super de rédiger des textes, de créer une « norme » afin de déceler les enfants « a-normaux » (c’est ironique hein), mais malheureusement l’école est PUBLIQUE, et du coup fatalement, certains élèves vont être exclus du système, dû au simple fait que tout le monde n’a pas accès au même niveau culturel au sein des familles. Alors tout cela, l’Education Nationale le sait, et le précise bien dans ses programmes. Mais cela reste extrêmement vague, et trop peu de pistes sont données sur les remédiations à apporter aux élèves se retrouvant dans cette situation. Pire, c’est plutôt l’enseignant qui se trouve dans l’impasse, qui au mieux, tente de trouver des solutions, et au pire, délaisse complètement l’enfant parce qu’il ne faudrait pas qu’il « ralentisse les autres » (c’est ce que la maîtresse de mon fils m’a dit texto).
Les écoles alternatives, c’est super sur le papier. Mais en poussant l’analyse, on se rend compte de plusieurs choses. Notamment qu’elles créent un élitisme affligeant. Je le dis comme je le ressens. Ayant moi-même voulu inscrire mes enfants dans ce type de structure, je m’en suis retrouvée complètement décontenancée lorsque je me suis dit « ok elles fonctionnent sans aucune subvention, ok ce ne sont que les mensualités des parents et dons divers mais trop rares qui leur permettent de marcher. Mais dans ce cas forcément, l’offre ne va s’adapter qu’à un milieu aisé. » C’est donc une solution pour une certaine catégorie socio-professionnelle. Et les autres? Parce que moi j’ai toujours dans l’idée que l‘instruction doit être ouverte à tous. L’égalité des chances, toussa toussa…Et que même si l’école publique a des défauts, elle a au moins le mérite d’être ouverte à tous. Bon, ça aussi ça se discute (on en parle de l’inclusion des élèves handicapés sauf-quand-ça-arrange-pas-le-corps-enseignant? Ou les frais tout au long de l’année pour la classe verte/ les mouchoirs/ la photo de classe…?).
Après tout ça, je ne sais plus sur quel pied danser. D’autant que certaines écoles alternatives ne sont pas toutes roses. La phobie scolaire peut aussi s’y développer, j’en ai eu le témoignage éloquent d’une maman ayant mis sa fille dans une école Montessori. Il faut aussi se rappeler qu’avant 2016, n’importe qui pouvait ouvrir « une structure accueillant du public du type école hors contrat ». Je le sais d’autant plus que j’ai voulu le faire. Oui moi, qui n’a de légitime là-dedans que ma passion dévorante pour les méthodes d’enseignements nouvelles. D’autres avaient moins que ça, et ont ouvert des écoles. Heureusement, elles ne sont pas toutes comme ça. Il n’existe pas de registre bonne/mauvaise école, cela dépendra de l’expérience que vous en aurez. Comme vos années de scolarité, qui ont pu être égayées par un prof formidable, ou entachées par un prof malveillant.
Il n’y a pas de réelle solution, je me rends bien compte que le fond du problème est bien plus complexe, et ne pourra être éradiqué. J’ai écrit ce billet après une visite à une école alternative qui me plaisait moyen (le principe est de proposer aux enfants des ateliers avec à chaque fois une pédagogie différente, une fois Freinet, une fois Montessori une autre fois Steiner…je ne comprends pas bien ce mélange incohérent fin bon…) mais je laisse toujours une chance à un concept d’exister (oui je suis sympa). La première visite m’avait déjà interrogée. Ma deuxième visite a fini par me dégoûter. Je débarque avec mes 2 Crapules sous le coude, j’ai le droit à un petit mot du mari de la fondatrice (il me semble). Et…c’est tout. Il y a du monde mais pas tant que ça. Pourtant personne ne souhaite arrêter sa conversation passionnante sur la future couleur des rideaux de la salle de jeux pour venir à notre rencontre. On attend comme ça, 20 minutes. On fait le tour, on se balade. Mais personne ne vient. C’est peut-être simplement une maladresse, une mauvaise organisation. Mais avoir perdu déjà 20 minutes à trouver le lieu (un château sur une route perdue entre 2 villages alsaciens) m’a fait pas mal perdre patience. Donc dommage, mais je m’en vais. J’attendais pas un tapis rouge, mais un minimum quand on se déplace…Surtout que des groupes s’étaient formés, pourquoi ne pas avoir été invités à les rejoindre? J’aurais pu m’incruster mais parfois, l’intuition agit à notre place, et pour le coup je ne le sentais pas. Donc voilà, au revoir concept.
Au final, cela m’a permis d’y voir plus clair sur une chose: ma reconversion pour travailler au service de l’état en tant qu’enseignante, je ne le fais plus pour avoir une légitimité dans le milieu de l’enseignement. Je le fais parce que je crois profondément que chacun doit pouvoir aimer l’école, y trouver une motivation, vouloir y progresser, et passer les 16 premières années de sa vie à y trouver un intérêt. Pour le moment, le rayonnement le plus important reste l’école publique, l’important est donc de la restructurer, de trouver de vraies solutions aux problèmes de terrain des profs, et arrêter avec les réformes. Chaque membre du gouvernement pond son programme histoire de laisser sa trace et de voir apparaître son nom sur les manuels scolaires. Mais on s’en fout de votre notoriété abusive, on veut une école égalitaire, équitable, avec des enseignants engagés et innovants. Voilà ce qu’on veut. Et attention, ce que je vais dire relève d’une insulte, mais pourquoi ne pas copier un peu plus les brillantes idées de nos voisins des pays nordiques, chez qui la violence ou le décrochage scolaire ont baissé? Oui, oui, on sait que la France aime s’en sortir seule, histoire de se vanter et dire que le modèle copié sera le nôtre. Mais pour le coup, ça fait un siècle que c’est la m***e dans les écoles, il serait temps de ravaler sa fierté non?
Vous voulez un petit bonus de mon ras le bol? La maîtresse de mon fils m’a convoquée en novembre pour me dire qu’il faudrait le faire redoubler. Du fait de sa grande expérience d’enseignante, elle décèle les cancres au bout de 2 mois de classe, si ce n’est pas fantastique?? Puis bon, je peux m’estimer heureuse, « il fut un temps on lui aurait mis un bonnet d’âne à votre fils ». Ah. Ouf. BONUS N°2: ma fille ne rencontre a priori aucune difficulté scolaire, mais sa maîtresse de moyenne section lui a quand même trouvé une tare, celle de vouloir faire que quand elle veut. Désolée les maîtresses, je n’ai pas élevé des moutons. Allez bisous.